Fránçois & The Atlas Mountains en interview : « J’ai envie de démesure et de profondeur »

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Fránçois & The Atlas Mountains (Crédits photo : Mathieu Demy)

Fránçois & The Atlas Mountains est ce genre d’OVNI qui parvient à transporter la scène pop française au-delà de ses retranchements. En 3 albums tout aussi sombres que lumineux, toujours dansants et oniriques, le groupe originaire de Bordeaux a su développer son propre style, loin des conventions. Son chanteur, Fránçois Marry, nous a reçu, quelques heures avant de monter pour la première fois sur la grande scène des Francofolies, édition 2014. Une interview cosmique.

Retrouvez la Deezer Session de Fránçois & The Atlas Mountains :

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Es-tu un peu stressé par rapport à ton concert de ce soir aux Francofolies ?

Oui, mais c’est un mélange de peur et d’excitation, parce qu’on est à La Rochelle. J’ai vécu ici 3 ans et j’ai de la famille pas loin. Tu connais un peu la région ?

Un tout petit peu. C’est la deuxième fois que je viens ici, mais la première aux Francos. Contrairement à toi !

On a joué au Théâtre Verdière, il y a trois ans. On a aussi été accompagnés ici par le Chantier des Francos [mini-festival en parallèle des Francos, dédié à mettre en avant des groupes émergents, ndlr]. Puis on a joué il y a deux ans, mais il y a eu une tempête alors ça a été annulé.

Cette année, le festival fête ses 30 ans. Qu’est-ce qu’il représente pour toi?

Ça me rappelle Jean-Louis Foulquier, ça me rappelle des émissions sur France Inter, tout ça. Ça rappelle une esthétique très française, c’est un peu le temple de la chanson française.

« [Les Francofolies] sont un peu le temple de la chanson française. »

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Dans une interview que tu avais donnée aux Francos en 2011, tu disais vouloir toucher un public plus large, est-ce que tu penses avoir réussi ?

Ouais, petit à petit j’ai l’impression qu’on se trouve, qu’on peut se comprendre. Je pense qu’il y a moyen qu’on s’entende bien. C’est génial de pouvoir jouer aux Francos, pour qu’on puisse proposer la particularité de notre musique à un public large, justement.

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Pour en revenir à l’album, Piano Ombre, vous avez développé toute une thématique autour de la forêt, est-ce qu’on doit y voir une métaphore quelconque ?

La volonté de représenter la densité du son, le côté un peu magique de la musique, l’aspect non maitrisable des éléments.

« J’ai l’impression d’avoir peur de choses que je peux pas du tout décrire et qui sont difficiles à cerner. C’est sur ce terrain là que je voulais mettre les pieds. »

Je crois savoir que tu es toi même très inspiré par la forêt.

Je suis très fasciné par la nature de manière générale, et j’en ai vraiment besoin. Ce sont vraiment des moments de ressourcement. Je pense que des heures de yoga, ou se poser devant la TV avec une part de pizza ne valent pas une seconde passée à marcher dans la forêt.

Donc si je te parle de ‘Blairwitch Project’ ou un autre film d’horreur qui se passe en forêt, ça ne t’impressionne pas ?

Alors, c’est intéressant parce qu’il y a justement un aspect assez effrayant de la forêt qu’on retrouve dans beaucoup de films, de contes des fées… C’est pour ça que je voulais évoquer la forêt sur cet album et sur la couverture, parce que dans l’imaginaire et dans la vie en général, il y a beaucoup d’éléments qui sont associés à la peur et il y un moyen, à un moment, de s’en séparer […] La peur se nourrit de la peur et le meilleur moyen d’enrayer ça, c’est d’ouvrir les yeux et d’accepter ce qu’on a et d’en reconnaître une certaine beauté. Tout ce qui est magistral n’est pas forcément effrayant.

« La thématique de la peur m’interpelle depuis longtemps, parce que je n’ai pas réellement de phobies. »

Donc l’album était l’occasion de faire la lumière sur quelque chose de très obscur.

Oui, d’où le titre de l’album « Piano Ombre », qui veut dire « Doucement les ombres ».

Une thématique qui a l’air de vraiment t’intéresser.

Oui, la thématique de la peur m’interpelle depuis longtemps, parce que je n’ai pas réellement de phobies. Je n’ai pas peur des limaces, je n’ai pas peur des enfants, des filles…mais j’ai une espèce de peur irrationnelle de la peur, en fait. J’ai l’impression d’avoir peur de choses que je peux pas du tout décrire et qui sont difficiles à cerner. C’est sur ce terrain là que je voulais mettre les pieds.

Qu’as-tu découvert sur ce terrain ?

Le repos. Je pense que c’est important de se reposer. Je pense qu’il y a énormément de fatigue et de confusion mentale qui viennent avec l’hyperactivité et la pression sociale, du monde du travail. […] A l’échelle de l’Univers, le temps humain ne représente rien. Où s’inscrit la peur dans tout ça ?

C’est peut-être la peur de ne laisser aucune trace.

C’est une peur vaine, parce que forcément, on ne va laisser aucune trace…. C’est sûr que c’est effrayant de perdre son travail, de perdre un amour… Mais il faut prendre ce que l’on peut, pour son bien-être.

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Tu parles de mort, de cet aspect un peu cosmique des choses, est-ce que la spiritualité, c’est quelque chose qui t’intéresse ?

Ça me fascine énormément, comme la foi. Pas de manière personnelle, parce que je n’ai aucune conviction religieuse définie, mais la capacité humaine à se connecter à quelque chose de plus grand me fascine, jusqu’aux conséquences sociales. […] Et aussi la réutilisation politique de la croyance dans n’importe quelle communauté, c’est fascinant. C’est fou, parce qu’on s’est débarrassés de l’Eglise Catholique, donc on se croit totalement à l’abri, mais nos croyances se sont déplacées sur la réussite, la jeunesse, la beauté…ce sont des croyances qui ont remplacé la croyance chrétienne de la vie après la mort par exemple. On croit à la nuit, à l’amusement, qui sont devenus d’autres formes de croyances.

Est-ce que c’est vain pour toi ?

Pas du tout. C’est juste un déplacement de l’occupation humaine. Je pense qu’on espère tous trouver l’amour, le calme, un refuge. Avant, c’était un foyer et la piété. Maintenant, c’est la consommation et le fun. Et toujours la famille, quelque part entre les deux, qui reste une valeur essentielle.

« Nos croyances se sont déplacées sur la réussite, la jeunesse, la beauté. »

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Il y a beaucoup d’amour dans cet album, j’ai été touchée par la chanson « La Vie Dure » qui parle du fait qu’il faut prêter attention à ceux qu’on aime. Est-ce que c’est quelque chose sur lequel tu as dû travailler personnellement ?

Complètement. C’est drôle, j’ai arrangé ce morceau ici, à La Rochelle. On répétait, et il nous fallait un morceau un peu entrainant. J’avais l’impression de ne pas m’adresser directement au public quand je faisais des concerts. [Je voulais] communiquer cette idée que le temps passait, m’accaparait – parce qu’il ne faut pas croire, je travaille très dur, on est sur les routes, je suis constamment éloigné des gens que j’aime, parce que je me sacrifie pour le son, la musique et ce qu’elle peut procurer au public. Je me rendais compte que malgré ce plaisir que j’avais à faire mon travail, je ne donnais pas assez de nouvelles à mes amis et ma famille. Donc, à défaut de pouvoir le faire, j’ai écrit cette chanson hommage [rires].

C’est un album assez sensuel et séducteur, est-ce que toi-même tu l’es ?

Alors je pense que E Volo Love l’était plus, avec des morceaux comme « Les Plus Beaux », « Muddy Heart » ou encore « Azrou Tune ». S’il l’est, c’est dans le rythme, je pense. Pour ma part, je ne suis pas trop un joueur en amour. J’ai pas le temps d’aller courir les filles, c’est pas un truc qui m’intéresse. Mais en revanche, je préfère davantage les discussions profondes avec les gens de manière générale.

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Ces trois premiers albums forment un ensemble, est-ce que tu aimerais le prolonger, ou est-ce que tu aimerais au contraire passer à autre chose ?

J’aimerais mais je ne sais pas trop quoi encore. Je sens qu’il y a une vraie unité avec ces trois albums. Je ne dis pas que je vais changer de musiciens, ou de registre musical, mais je sens que je suis arrivé au bout de quelque chose avec ces trois albums. J’ai envie de faire de la musique encore plus profonde, plus physique. J’ai envie de démesure et de profondeur.

Ecoutez Piano Ombre sur Deezer :

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