Mac DeMarco : l’interview-vérité

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Mac DeMarco à Rock en Seine 2014 (CC : Nicolas Joubard)

Mac DeMarco a réussi en 3 albums à devenir une figure incontournable de la scène indie rock anglophone, et c’est bien pour ça qu’on le retrouve cette année à Rock en Seine. Originaire de Montréal, mais exilé à New-York depuis peu pour se rapprocher de son label, le Canadien a signé cet année Salad Days, son album le plus personnel. Est-ce parce qu’il l’a enregistré seul dans la minuscule chambre où il vit avec sa petite amie, à Brooklyn ? Sans doute un peu.

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Mais si Mac est un solitaire dans son studio de fortune, il montre une toute autre facette sur scène, entouré de ses amis : imprévisible, capable de se jeter dans la foule tout comme de frotter son micro sur ses parties intimes. Mais en interview, il n’est pas question pour lui de jouer le clown rock. Alors que l’on s’assoie à une table du Village Artistes de Rock en Seine, il nous demande de patienter un peu, le temps qu’il aille se chercher un café. Il est bientôt 20h, mais les cernes sous ses yeux en disent long sur l’été qu’il a passé. Malgré sa fatigue, le chanteur parle avec franchise de sa vision du métier. Sans filtre.

Tu te sens fatigué ?

Oui, pas mal. C’est mon dernier festival en Europe, le cinquième. J’en ai encore deux aux Etats-Unis. Cet été peut être résumé comme ça : vols en avion, festivals, pas de sommeil. A la Route du Rock, le week-end dernier, on est restés à peine 3 heures, et on devait déjà repartir…

Est-ce que tu t’attendais à un rythme de vie aussi effréné ?

Non, pas vraiment, mais je ne peux pas me plaindre. On voit plein d’endroits super. Mais par contre, je ne suis pas sûr de refaire une tournée des festivals l’année prochaine… Là je viens de faire un mois de festivals, c’est juste n’importe quoi. J’aime jouer dans des clubs, traîner avec mes amis, rencontrer mes fans, mais en festival, c’est très dur à faire. Ce qui est cool, c’est que les gens s’amusent entre eux et peuvent découvrir des groupes qu’ils n’auraient pas découverts autrement, mais parfois ça se révèle très bureaucratique et on te presse en permanence. C’est très étrange.

« Je ne veux pas mentir aux gens. » – Mac DeMarco

Une chose qui me paraît très caractéristique chez toi, c’est que sur scène, tu fais absolument ce que tu veux. Et c’est rare de voir ça. Est-ce que les concerts où les artistes sont très en contrôle d’eux-mêmes t’ennuient ?

Ca peut aller dans les deux sens. Des groupes qui se contrôlent peuvent se révéler très bons. C’est surtout la musique qui compte, même si la performance est aussi importante. Si un groupe préfère mettre en avant sa musique plutôt que sa personnalité, je respecte cette décision. Ce n’est pas notre genre, du coup il faut que je sois un peu le clown de service. Je ne veux pas mentir aux gens. Ca a finir par nous faire une réputation, mais je m’en fous. Et puis, je ne fais pas n’importe quoi juste pour faire n’importe quoi, ça n’aurait pas de sens. C’est parce que j’en ai envie.

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Ton nouveau single est « Chamber of Reflection », pourquoi ce titre ?

Disons que j’ai surtout voulu sortir un nouveau clip, vu que l’album est sorti depuis un moment. J’aime cette chanson, et le label m’a permis de faire le clip que je voulais. Je me suis vraiment amuser, et j’ai ralenti la musique dessus. Je trouve qu’elle sonne bien comme ça. C’est drôle, et ça donne une atmosphère très étrange au clip.

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Quelle est ta « Chamber of Reflection » ? Où se trouve-t-elle ?

Il s’agit de ma chambre, où j’ai enregistré l’album. Les « chambres de réflexion » se trouvent en fait dans les temples maçonniques. Quand on devient un Franc-maçon, on doit se rendre dans cette chambre, et réfléchir à tout ce qui a pu nous arriver dans la vie, bon ou mauvais. L’idée est de tout laisser dans cette chambre. Quand on en sort, on est un homme neuf. Me concernant, j’avais quelques trucs à sortir de mon système, et je les ai mis dans l’album. Au final, je ne les ai pas laissés dans la chambre, mais je les ai montrés au monde entier. Mais ça m’a permis de ne plus les ruminer.

« J’avais quelques trucs à sortir de mon système, et je les ai mis dans l’album. » – Mac DeMarco

Tu as donc enregistré ton album dans ta chambre. Est-ce que c’est difficile de séparer ta vie privée de ton travail ?

Si je suis en train d’enregistrer un album, je ne fais que ça. Si ce n’est pas le cas, je vais juste bidouiller un peu ma guitare ou mon clavier. Mais c’est vrai que ça peut s’avérer un peu difficile parfois, parce que l’ordinateur est là, la petite amie aussi, parfois il faut sortir faire les courses… Mais il faut apprendre à se concentrer. Je ne me vois pas travailler dans un vrai studio, j’ai l’habitude de le faire comme ça, et je m’améliore à chaque fois.

Comment vis-tu le fait de devoir transposer ces chansons enregistrées seul sur scène, avec tes amis ?

Ca ne me dérange pas. Dès qu’elles sortent, elles me semblent moins personnelles. Elles continuent à avoir du sens pour moi, mais je veux que les gens s’en emparent et en fassent ce qu’ils veulent. C’est intéressant de voir ça.

Tu as dit que Salad Days est ton album le plus personnel. Qu’as-tu mis de toi dans ce disque ?

J’avais pas mal d’emmerdes à l’époque, et je les ai mises sur papier. J’ai pu faire des chansons auparavant qui étaient aussi personnelles, mais elles me touchaient moins. Salad Days est beaucoup plus ancré en moi. C’est quelque chose de très nouveau.

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Qu’est-ce que tu veux dire par « salad days are over » ?

Je pense que ça a à voir avec le fait que je me sentais très fatigué et déprimé quand j’ai commencé l’enregistrement de l’album. Comme un burn-out. « Salad days » est un terme shakespearien qui exprime l’idée de jeunesse, de temps innocents, le bon vieux temps, en résumé. Et j’ai réalisé que mes « salad days » ne sont pas terminés, ils ne font que commencer. Je pensais au départ que c’était le cas, puis j’ai décidé que non. Je suis toujours en plein dedans, je m’amuse beaucoup.

« Mon plaisir coupable ? Coldplay ! » – Mac DeMarco

Tu as dit que pour toi, être un musicien, c’est être à moitié poète…

C’était une blague ! Je ne le pensais pas.

Qu’est-ce que tu es alors ?

Un mec rock’n’roll !

La « rock’n’roll life », justement, tu en penses quoi ?

C’est très mauvais pour la santé, mais on s’éclate. C’est très cool, j’ai beaucoup de chance. Je recommande aux jeunes musiciens de ne pas le faire pour l’aspect « festivals, backstage », parce que ce n’est pas pour ça que je le fais. Je le fais parce que j’aime la musique, et ça m’amuse. Ne faites pas de la musique juste pour vous retrouver en backstage, ce n’est pas une bonne idée.

« Ne faites pas de la musique juste pour vous retrouver en backstage, ce n’est pas une bonne idée. » – Mac DeMarco

Tu es quelqu’un de très spontané. Ca a l’air d’être assez rare dans le milieu de la musique en ce moment. Es-tu d’accord ?

Oui, en ce moment il y a beaucoup de nouveaux groupes qui ont une image sombre, cool, sérieuse, mais je ne suis pas comme ça dans la vraie vie. Je ne peux pas faire semblant quand j’enregistre ou écris. Je suis juste moi. Je suis très content de ce que nous sommes. Peut-être qu’on est un peu à part.

Quel est ton plaisir coupable ?

Coldplay. J’aime « Green Eyes ». Parce qu’elle est mignonne, et qu’il [Chris Martin, le chanteur de Coldplay] l’a sûrement écrite à propos de Gwyneth [Paltrow, son ex-femme]. Même s’ils ne sont plus ensemble, la chanson demeure.

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(Ré)écoutez Salad Days sur Deezer :

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